Ce CAE, composé d’économistes (ultra) libéraux, estime que Pôle emploi n’a pas les capacités pour accompagner tous les chômeurs. Il préconise donc que des prestataires privés aient accès aux fichiers de Pôle emploi
Le Conseil d’Analyse Economique (CAE) est une instance consultative composée d’économistes à obédience libérale voire ultra-libérale, rattachée aux services du Premier ministre et qui conseille ce dernier. Le CAE fait partie du réseau France Stratégie qui a pour objectif de concourir à la détermination des grandes orientations pour l’avenir de la nation et des objectifs à moyen et long terme de son développement économique, social, culturel et environnemental.
Dans la droite ligne du rapport CAP2022 rendu en 2018, le CAE a rendu le 14 mars 2022 un rapport dans lequel il préconise une externalisation de l’accompagnement des demandeurs d’emploi vers des prestataires privés. Le CAE estime que Pôle emploi n’a pas les capacités nécessaires pour accompagner tous les chômeurs. En conséquence, il préconise que des prestataires privés agréés puissent avoir accès aux fichiers de Pôle emploi et contacter des demandeurs d’emploi directement.
Par ailleurs, le CAE estime que les entreprises ne disposent pas d’informations suffisamment claires de la part de Pôle emploi sur les caractéristiques du marché de l’emploi. Pour optimiser la rencontre entre la demande et l’offre d’emploi, le CAE propose que des prestataires privés soient mis en concurrence pour diriger les chômeurs vers les besoins de main d’œuvre des TPE/PME.
Rappelons qu’en 2005 déjà, l’Unédic avait eu recours à des prestataires privés dans le but de réduire les dépenses de l’assurance chômage. Le bilan réalisé en 2012, corroboré par un rapport de la Cour des comptes rendu en 2014, indiquait que Pôle emploi faisait mieux que le privé.
Cette réalité gênante pour le CAE conduit ses membres à re-écrire l’histoire en trouvant, a posteriori, des raisons à cet échec auquel il est tout à fait possible de remédier :
- les prestataires ne doivent pas recevoir prioritairement les chômeurs les plus éloignés de l’emploi (qui doivent donc être laissés à Pôle emploi… ?)
- les prestataires doivent être libérés des « procédures administratives empêchant toute expérimentation novatrice »
- chaque chômeur pourrait recevoir un « chèque emploi », valable auprès d’un prestataire de son choix chargé de l’accompagner jusqu’au retour à l’emploi. L’organisme serait alors rémunéré sur présentation de ce chèque et en fonction des résultats.
La CGT alerte depuis des années sur les risques et les dangers de la mise en concurrence et de la privatisation rampante de Pôle emploi et du service public de l’emploi.